French abstract
Auteurs : FlorentSchäfer1 LaurentQuinquis1 MaximeKlein12 JoséphineEscutnaire3 FrédéricChavanel3 HélèneChevallier4 GuyFagherazzi5
OBJECTIFS:
Les technologies numériques permettent de faciliter le recueil d’information de santé et de nutrition par les participants aux études cliniques. Cependant, l’appétence à ces technologies est généralement évaluée en population générale, auprès de patients, ou de professionnels de santé. Nous avons considéré les participants aux études cliniques comme une population spécifique pour évaluer leurs usages et attentes au sujet de ces technologies.
METHODES:
Un questionnaire de 27 items a été proposé à 11 695 individus de plus de 18 ans (8386 femmes et 3309 hommes) de la base de données de participants à des études cliniques en nutrition de Biofortis (région Nantaise) en mai 2019. Ce questionnaire visait à évaluer (1) des variables socio-démographiques, (2) leur équipement numérique de santé, (3) leurs attentes en recherche, et (4) leur opinion concernant des innovations numériques. Les résultats ont été décrits par fréquences et par tranches d’âge. Les tests du Chi2 ou Fisher exact ont été utilisés pour vérifier l’hypothèse d’indépendance entre l’âge des répondants et les réponses. Des comparaisons par paires ont été faites selon la Méthode de Bonferroni-Holm.
RESULTATS:
Un total de 1529 participants à des études cliniques (1238 femmes et 291 hommes) ont répondu à cette enquête. Parmi ces répondants, 95,1 % déclarent posséder un smartphone, et 78,1 % déclarent utiliser au moins une application de santé. Leur utilisation concerne principalement le suivi de l’activité physique (54,7 %) avec une différence selon l’âge (p < 0,001), et la qualité des aliments (45,7 %) sans relation avec l’âge. En tout, 20,4 % des répondants déclarent posséder un bracelet ou une montre connectée. La plupart (93,8 %) des répondants attendent une utilisation de technologies numériques en recherche clinique. Cet enthousiasme est en partie éclipsé par des craintes au sujet de la gestion de données personnelles (37,5 %) et la performance des outils (35,5 %), perçues comme des freins. Les participants favorisent des études hybrides (68,1 %) plutôt que des études entièrement conduites à distance (18,1 %) ou uniquement sur centre (13,9 %). La plupart des répondants (93,3 %) accepterait d’effectuer un recueil systématique de leur alimentation par application mobile, pendant au moins une semaine pour 80,5 % d’entre eux. Seuls 13,2 % accepteraient d’y dédier plus de 10 minutes par repas. Une majorité (60,4 %) des répondants accepterait de partager aux investigateurs, de manière anonyme, leurs messages postés sur des médias sociaux. Une plus grande majorité (82,2 %) se déclare prête à interagir avec un agent conversationnel dans un cadre de recherche.
CONCLUSIONS:
Les participants aux études cliniques sont prêts à utiliser davantage de technologies de santé et nutrition en recherche mais demeurent inquiets pour la sécurité de leurs données personnelles. Une attention à cette sécurité, accompagnée d’une transparence sur les moyens mis en œuvre pour la garantir, peut contribuer à une confiance accrue des participants, un recrutement favorisé, et à une collecte numérique de données de santé et de nutrition facilitée. Des évaluations répétées restent nécessaires pour mieux comprendre l’impact de la hausse en demande et en utilisation de technologies numériques de santé pendant la pandémie de COVID-19, offrant de nouvelles perspectives pour les participants, investigateurs et promoteurs.